Le président de la cour de cassation de la République Jules Cantave a ouvert lundi 1er octobre l’année judicaire 2018-2019 qui s’achèvera le dernier vendredi de juillet, au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée en présence du Chef de l’Etat Jovenel Moise, du Premier ministre Jean Henry Céant, des présidents des deux branches du parlement Joseph Lambert et Garry Bodeau, du bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince Stanley Gaston, des membres du corps diplomatique, et des juges et avocats des 18 juridictions du pays.
Dans son allocution, Maitre Jules Cantave également président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), a d’abord fait observer une minute de recueillement en mémoire de tous les membres du système qui sont morts au cours de l’année judiciaire écoulée.
Une année maquée par un cadre de travail peu approprié, une situation d’insécurité ambiante, d‘inconfort, de privation et de toutes sortes de carence, a-t-il déploré.
Les magistrats sont livrés à eux-mêmes sans aucun encadrement dans un pays où le banditisme et la criminalité font peur, a critiqué Jules Cantave réclamant en leur faveur de meilleures conditions de travail.
Il en a profité pour réclamer une fois de plus la finalisation, par l’exécutif, du processus de nomination des juges, dans le but de rendre fonctionnel et plus dynamique le système judiciaire.
Le président de la cour de Cassation de la République Maitre Jules Cantave a exhorté en la circonstance, les magistrats à distribuer la justice de manière équitable et sans favoritisme.
Le système judiciaire est décrié par ceux-là qui sont pourtant chargés de veiller à sa bonne marche, a dit, d’un autre côté, le président du Conseil Supérieur du pouvoir Judiciaire.
La lutte contre la corruption et la détention préventive prolongée doit être intensifiée, a déclaré maitre Cantave promettant de balayer tous les obstacles pour être à même de répondre au rendez-vous de l’histoire en faisant allusion au dossier Petro Caribe.
Jules Cantave a invité tous les acteurs et actrices du système judiciaire à continuer à se battre pour un meilleur appareil judiciaire au service de tous et de toutes.
Le bâtonnier de l’Ordre de avocats de Port-au-Prince, Maitre Stanley Gaston a critiqué sévèrement le fonctionnement du système judiciaire haïtien qui selon lui se trouve à son plus bas niveau.
«Une société sans justice est une société sans lumière sans boussole et sans âme, livrée à l’anarchie, au banditisme à la barbarie, à l’injustice sociale et à la dépravation », a martelé l’avocat.
Maitre Stanley Gaston a rappelé que le rôle primordial de la justice est de parvenir à la régulation et la moralisation de la société.
Au regard des lois républicaines, Haïti aurait pu ne pas être figurée dans la catégorie des États faillis, avec des indices de développement inquiétants, a lâché maitre Gaston.
Les acteurs du système judiciaire doivent tous assumer leurs responsabilités pour redresser la situation, a souhaité Stanley Gaston.
Le bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince a abordé le dossier de la gestion des fonds du programme Petrocaribe, sur lequel la cour supérieure et du contentieux administratif enquête actuellement.
Maître Gaston Gaston a émis des réserves quant à l’aboutissement de ce dossier en raison, a-t-il soutenu, de la façon dont le processus a été engagé.
Le président de la République Jovenel Moise a promis de faire tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter une distribution saine et impartiale de la justice dans la société.
Le Chef de l’État a une fois de plus, réitéré sa détermination à freiner le phénomène de la corruption qui gangrène la société haïtienne. Il faut, à tout pris, redonner confiance aux investisseurs étrangers, par la mise en place d’un système judiciaire fort qui s’en prend à toute forme d’impunité dans le pays, a avancé le président Jovenel Moise.
Il s’est déclaré profondément préoccupé par l’insécurité foncière qui prévaut dans le pays. «La spoliation immobilière doit cesser d’être l’industrie la plus prospère en Haïti », a recommandé le président Moise promettant de renforcer les structures judiciaires afin, a-t-il dit, de faire respecter le droit à la propriété privé.
Jovenel Moise a annoncé la création d’un observatoire citoyen qui permettra à toute personne victime d’un cas de corruption de s’adresser directement à la présidence à partir d’un numéro de téléphone disponible.
Le président Jovenel Moise a promis de s’attaquer aux problèmes de la détention préventive prolongée. « Désormais, aucun centre pénitentiaire ne doit accepter un détenu sans qu’il soit accompagné de son dossier judiciaire », a prévenu le Chef de l’État, annonçant son plein soutien à tous les acteurs et actrices du système.
Il a évoqué une stratégie visant à faciliter l’organisation d’audiences rapides dans les centres d’incarcération dans le but de diminuer considérablement ce phénomène.
Il est revenu sur la finalisation du processus de nomination des juges. L’analyse de chaque dossier doit être faite de façon minutieuse a avancé Jovenel Moise, pour justifier la lenteur observée dans le traitement des dossiers.
RL/SN